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Selon Emmanuelle Daniellou, Rennes "est bien dotée en maisons religieuses et les lieux de pensionnats pour les jeunes filles ne manquent pas sous l’Ancien Régime" (Abbaye royale des Bénédictines de Saint-Georges, communauté de Calvairiennes, Carmélites, Dominicaines, Ursulines etc.). " Toutes ces communautés ont accueilli des jeunes filles pour leur éducation. […] Il existait également des classes d’externes tenues par des religieuses ou des femmes pieuses réunies en sociétés et proposant un enseignement charitable."
C'est le cas de la communauté des "Dames Budes", tenue par des sœurs séculières, créée en 1676 et approuvée par lettres patentes de Louis XIV en 1678.
Jeanne Brandin, devenue Jeanne Budes par son mariage avec Jean de Budes, conseiller au Parlement de Bretagne, devient veuve très jeune. Elle confie alors l'éducation de sa fille, Anne-Marie Budes de Guébriant, au couvent de la Visitation, dès l'âge de 5 ans.
Arrivée en âge de se marier, Anne-Marie tombe gravement malade et meurt en 1674 à l'âge de 23 ans, juste après avoir prononcé ses vœux. Sa mère se consacre alors, conformément au testament de sa fille, à l’établissement de la communauté des "Filles de la Sainte-Vierge" ou "Dames Budes."
Ce document, en date du 16 septembre 1676, est un accord passé entre la communauté de ville et Jeanne Budes, en présence du notaire Jehan Prigent. Il stipule que Jeanne Budes s'engage à donner la somme de 14 000 livres à la communauté de ville pour contribuer à l'établissement d'un hôpital général dans cette ville de Rennes", ainsi qu'à "l'établissement perpétuel d'une communauté […] de filles […] et veuves sécullières en forme de séminaire, indépendant dudit hôpital général ou autre lieux, pour l'instruction des pauvres demoiselles et autres filles de famille."
Les sieurs et députés de la ville consentent, quant à eux, à dépenser cette somme selon le souhait de Jeanne Budes et à obtenir les lettres patentes du roi "en sorte que laditte Dame et successeurs et possesseurs dudit séminaire et communauté ne puissent jamais être troublés pour quelque cause que ce soit". En outre, ils s'engagent à obtenir l'accord et à indemniser Monsieur le Président de Bréquigny, seigneur du fief où Jeanne Budes envisage d'installer cette communauté, dans une maison et dépendances situées non loin de l'église Toussaints.
En 1758, les religieuses quittent ce couvent pour un établissement neuf, rue Saint-Hélier, à l'emplacement de l’actuelle clinique et maison de retraite Saint-Hélier. La congrégation change de nom entre 1960 et 1970 et devient la Fraternité Notre-Dame. Rattachée depuis 1990 à l'ordre du Sacré-Cœur de Jésus, elle n'en occupe plus qu'une petite partie.
Pour en savoir plus : Emmanuelle Daniellou, "Les pensionnaires des Grandes Ursulines de Rennes (1651-1734)", in : Histoire, économie & société, vol. 27, n° 3, 2008, pp. 31-44.