Tanneries et mégisseries rennaises
Document #48 - décembre 2023
Vue des bâtiments de la tannerie Saint-Martin, sans date, 10 Z 114.
À l'occasion de l'exposition "Cuir, une matière à fleur de peau" présentée actuellement à l'Écomusée de Rennes, voici quelques repères historiques sur cette importante industrie rennaise qui a complètement disparue. Pour en savoir plus, allez visiter cette magnifique exposition !
Jusqu'au milieu du 19e siècle, les principaux foyers rennais de tanneries et mégisseries se situent dans le centre-ville, sur les bords de l'Ille et de la Vilaine, dans des quartiers densément peuplés (Saint-Hélier, Parcheminerie, Vieux Cours), ce qui n'est pas sans poser des problèmes de nuisances olfactives et d'insalubrité.
L'arrêté municipal du 25 septembre 1849 contraint les établissements insalubres à quitter le centre-ville. La répartition des tanneries et mégisseries rennaises va alors se déplacer vers les faubourgs (de Brest, Saint-Cyr, Saint-Marin) pour se concentrer, au début du 20e siècle, exclusivement sur les bords de l'Ille dans le quartier Saint-Martin, où deux puissantes entreprises marquent alors le paysage.
- La tannerie Saint-Martin est fondée en 1842 par Édouard Leroux, ruelle du moulin Saint-Martin (voir le cadastre de 1842, plan 1 G 39). En 1860, il prend comme associés ses neveux Alfred et Edgard Le Bastard, futur maire de Rennes, qui se retrouve bientôt seul à la tête de l’entreprise. Après son décès en 1892, sous l’impulsion de ses fils Alfred et Marcel, la tannerie Saint-Martin connaît un grand essor. En 1918, les deux frères acquièrent une seconde usine située à Sargé-sur-Braye (Loir-et-Cher) et fondent, en 1919, la société anonyme "Le Cuir Lissé Français".
- La tannerie Zwingelstein, fondée en 1896 au moulin de Trublet, sur les bords du canal d'Ille-et-Rance (voir le cadastre de 1842, plan 1 G 72), est l'une des plus importantes en Bretagne. En 1909, elle produit à elle seule, le tiers des gros cuirs fabriqués à Rennes ! En raison de la qualité de sa production, l'entreprise reçoit plusieurs récompenses dont une médaille d'or à l'Exposition Internationale de Turin en 1911. En partie détruite par un incendie en 1919, l'usine est reconstruite sur les plans de l'architecte F. Pithois et modernisée. Le 15 septembre 1938, l'usine est vendue à la Société des Tanneries de France dont le siège social est à Strasbourg. Elle cesse son activité en 1948.