Libération et autodafé
Document #57 - septembre 2024
Rennais brûlant une photographie de Hitler sur les quais, 4 août 1944, photographie, autrice Lucienne Dierx, Archives de Rennes, 350 Fi 5086.
Le 1er août, La bataille pour la libération de la ville de Rennes s'engage et va durer 3 jours. Arrivées d'Avranches, les troupes blindées américaines stationnent au nord de la ville, au lieu-dit Maison Blanche à Saint-Grégoire. S'engage alors un rude combat avec une batterie allemande à proximité.
En parallèle, et malgré les informations de la Résistance qui indiquent que les Allemands quittent la ville, l'armée américaine refuse d'engager ses blindés dans une bataille en milieu urbain. Elle entreprend d'encercler la ville dans l'attente de renforts.
À Rennes, les 2 et 3 août, on attend fébrilement, alors que des obus américains tombent ponctuellement comme pour inciter les Allemands à fuir. Cette attente a des conséquences funestes. Un dernier train de déportés, le train de Langeais, quitte Rennes le 3 août emmenant à son bord des prisonniers de guerre et des résistants.
Dans la nuit du 3 au 4 août, le colonel König, commandant allemand de la place de Rennes reçoit l'ordre d'évacuer. Les troupes de l'occupant quittent alors la ville dans la précipitation et font sauter les ponts enjambant la Vilaine pour retarder l'avancée des Américains.
Le 4 août au matin, les troupes américaines rentrent dans la ville par la rue d'Antrain. C'est à 10 heures, place de la Mairie, que la foule enthousiaste peut embrasser ses libérateurs. Une cérémonie réunit à l'Hôtel de ville Yves Milon, à la tête de la "Délégation spéciale" chargée de remplacer le conseil municipal, Victor Le Gorgeu, nouveau Commissaire régional de la République et les officiers américains.
Rennes est libérée.
Cette photographie a été collectée par les Archives de Rennes en 2024 (fonds Dierx, 174 Z). Elle est particulièrement représentative de l'état d'esprit des Rennais et des Rennaises durant cette journée du 4 août qui marque la fin de quatre années d'occupation par l'armée allemande. Au milieu de la liesse générale, chacun s'empresse de faire disparaître les traces visibles de l'occupation nazie.
Elle a été prise en fin de journée par Lucienne Dierx. Celle-ci travaillait comme aide-comptable au sein de la société GUDA (11 avenue Chardonnet à Rennes) qui avait pour activité le groupement d'achats. Elle y gérait les tickets de rationnement.
Lucienne Dierx sortait alors de son travail et a vu cette scène qui se déroulait au centre-ville. Elle a compris que cet autodafé d'un portrait de Hitler, en ce jour de libération de la ville de Rennes, était un moment exceptionnel. Voulant le saisir, elle est retournée chez elle prendre un appareil photo. Revenue sur place, elle prend ce cliché.
Les personnes qui tiennent le portrait sont en partie tournée vers elle : elles ont sans doute pris la pose, faisant de leur acte un symbole de la libération de la ville. Jeux de mains, de lignes, d'ombre… La personne qui est en arrière-plan apparaît singulièrement sous le portrait au quart consumé.
Pour aller plus loin, venez voir l'exposition "La libération de Rennes", proposée par les Archives de Rennes, le dimanche 22 septembre 2024, de 10h30 à 17h30, à l'occasion des Journées européennes du matrimoine et du patrimoine.
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