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Des faire-part de décès

Faire-part de décès de Gillet-Michelle Germe, décedée le 31 juillet 1766, 10 Z 294

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Document #52 - avril 2024

À l'occasion de l'exposition "Mourir, quelle histoire !" présentée au Musée de Bretagne du 16 mars au 21 septembre 2024, intéressons-nous à une typologie de document tout à fait particulière : les faire-part de décès !
Ces faire-part de décès ont été acquis lors de la vente aux enchères qui s'est tenue le 26 juin 2017 à l'hôtel des ventes de Rennes. L'achat est en effet un des modes d'acquisition d'archives privées. Nous n'avons pas d'indication sur la constitution de ce corpus documentaire.

 

  • Un rituel religieux autour de la mort :

Ces faire-part nous offrent un témoignage sur le rituel religieux autour de la mort à Rennes entre 1740 et 1849 – rituel qui devait se passer de la même manière dans bien d'autres villes françaises. La période concernée traverse l'Ancien Régime, le Consulat, la Restauration, la Monarchie de Juillet et le début de la Deuxième République. Il est intéressant de noter que les formules utilisées restent les mêmes et que ce rituel reste à peu près immuable entre ces deux dates pour les personnes de confession catholique : la personne décède chez elle, après avoir reçu les derniers sacrements, puis un convoi funéraire suit le cercueil et arrive à la messe d'enterrement, qui est célébrée "pour le repos et salut éternel de son âme", ainsi que les messes dites le même jour, et enfin le défunt est inhumé.  "Convoi, service et enterrement" résume un faire-part de 1775.

 

  • Une mine d'informations généalogiques :

15 des 22 faire-part contiennent des informations sur la profession ou l'activité des personnes défuntes ou de leur entourage, ce qui fournit des indications sociologiques. La parenté des défunts est souvent détaillée, ce qui présente un intérêt pour la généalogie de ces familles, d'autant que plusieurs faire-part concernent les mêmes familles.
Les mentions de l'âge de décès sont rares : les âges mentionnés sont avancés pour l'époque (79 et 90 ans). En revanche, le lieu du décès est très souvent indiqué. Les destinataires du faire-part sont invités à se rendre aux messes qui sont dites le même jour, depuis six heures jusqu'à midi (quelquefois de huit heures à midi). Les messes sont célébrées plutôt le matin. Il arrive que les obsèques soient réparties sur deux jours : le convoi d'enterrement et, le lendemain, la grand'messe d'enterrement. Quelques faire-part n'invitent qu'à la messe, l'inhumation ayant déjà eu lieu (1740, 1762). En effet, l'inhumation pouvait être précipitée et précéder la messe probablement pour des raisons d'hygiène.

 

  • Une iconographie thématique :

L'iconographie se présente souvent sous forme de "cadre" qui entoure le texte, qui prend la forme d'un fronton de temple avec un tombeau dans la partie inférieure, d'un portail gothique ou d'un liserai illustré. Les éléments appartiennent au registre classique de figuration de la mort : des têtes de mort parfois couronnées ou chapeautées reposant sur deux tibias croisés, des squelettes, des anges tenant une faux, des convois funèbres composés de pleureuses encapuchonnées, des cimetières, et, sur le thème de la fuite du temps, un sablier et des personnages âgés apparaissant jeunes dans le reflet de leur miroir. Ces faire-part sont la plupart d'un format assez grand (40 cm x 30 cm). Le décor préexistant est imprimé, certains motifs étant repris plusieurs fois à plusieurs années d'intervalle.

 

  • Des annotations d'intérêt :

Les nombreuses annotations qui figurent sur le recto ou le verso des faire-part fournissent sans doute un indice de leur provenance. Figurent notamment un état de sommes dues par des fermiers à une femme au moment de son décès et des additions. Il semble qu'un lien de parenté unit les personnes décédées : les noms de Laceron, Rabuan ou Colliot apparaissent sur plusieurs faire-part ; plusieurs annotations concernent la famille Colliot. On peut émettre l'hypothèse que ces faire-part ont été reçus par une étude de notaires qui s'en est servi comme brouillons pour régler des successions.


En savoir plus sur l'exposition du Musée de Bretagne.

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