Rituel de la fête
La fête de la jeunesse des écoles publiques se déroule toujours sur plusieurs journées jalonnées de défilés, de compétitions sportives, de spectacles de théâtre, de concerts, etc… mais l’apothéose se situe le jour du spectacle public sur le stade-vélodrome. Ce stade municipal voulu par Jean Janvier et conçu par l'architecte Emmanuel Le Ray est inauguré en juillet 1924 et accueille la première fête de la jeunesse, à l’été 1925.
Deux fêtes concurrentes: écoles publiques et écoles libres
À la fête de la jeunesse des écoles publiques de Rennes, organisée à partir de 1925, répond, en 1930, sur le même modèle, la fête de la jeunesse des écoles libres.
Si, en 1925, la première fête a lieu le samedi 18 et le dimanche 19 juillet, très vite le cœur de la fête se place le jour de l’Ascension. La fête de la jeunesse est alors la plus grande concentration d’enfants, de parents et de maîtres de l’enseignement public et laïc rennais, en présence des hautes autorités de l’État (le corps préfectoral et l’armée), du département et de la Ville, de l’enseignement (le recteur et les corps d’inspection) et du sport.
L’importance de la mobilisation des écoles, des parents, des enseignants, des associations, qu’elle provoque, le jour même d’une grande fête religieuse, s’explique en grande partie par l’âpreté de la concurrence avec l’enseignement privé catholique.
Les deux fêtes sont organisées par des associations très actives et donnent lieu à de multiples manifestations culturelles et sportives, étalées sur plusieurs jours. L’apothéose de la fête, un jeudi pour les écoles publiques, un dimanche pour les écoles libres, respecte des rites analogues. Dans les deux cas, le lieu de rassemblement de la jeunesse se fait au centre de la ville, suivi d'un défilé qui s’achève par l’entrée sur un stade, pour un spectacle de plusieurs heures. À la célébration de la fête des écoles publiques au stade-vélodrome, répond celle des écoles libres au stade du parc de Montabizé puis au parc des sports après la Seconde Guerre mondiale. À la couleur blanche de la tenue des enfants des écoles publiques, répond la couleur bleu marine des élèves des écoles libres.
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Le défilé
Le défilé dans le centre de la ville constitue une véritable démonstration de force et d’unité. Plusieurs dizaines d’écoles et formations marchent à travers la cité rennaise, au début de l’après-midi de ce jour férié, assurant la présence de nombreux spectateurs.
Le départ de la place Hoche, avant la Seconde Guerre mondiale, laisse la place à un rassemblement initial rue d’Échange pour les garçons, sur la place du Vieux-Saint-Étienne pour les filles, après 1945. Le flot des enfants, des fanfares, des groupes sportifs laïcs traversent toujours le centre-ville, de part et d’autre de la Vilaine. Après l’arrêt traditionnel à la Mairie pour le dépôt de gerbes au Panthéon, le défilé emprunte les quais. Les élèves les plus âgés des écoles publiques de la ville de Rennes défilent en tenue blanche, à l’exception de certains établissements, tels le lycée ou les écoles normales qui ont leur propre tenue. Un fanion à leur tête et le port d’un ruban de couleur, puis d’un écusson sur la poitrine des élèves, permettent de reconnaître chaque école sur le parcours.
La musique militaire de la garnison, l’harmonie municipale, la fanfare de l’école normale d’instituteurs de Rennes et de nombreuses musiques d’associations laïques encadrent le défilé, qui arrive au vélodrome, vers 15 heures.
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Le spectacle
Dans ce stade ovale capable d'accueillir dix-mille personnes, le spectacle est destiné aux parents, aux amis de l’école publique et aux autorités, placés dans les tribunes ou sur le pourtour. Il est ponctué de moments symboliques. Il débute par une envolée de pigeons du Pigeon Sport rennais, avant l’entrée des élèves sur le terrain, au son de marches militaires. Une fois les élèves en place, la "cérémonie des couleurs" et l’exécution de La Marseillaise précèdent, à partir de 1955, la minute de silence, en l’honneur du commandant Bougouin.
Pendant la seconde moitié du XXe siècle, le spectacle se compose toujours des mêmes grands moments : exercices rythmiques des enfants des petites classes, démonstrations sportives, y compris celles des gymnastes du Cercle Paul Bert, jeux des Éclaireuses et Éclaireurs de France et remises des challenges. Le traditionnel "Lendit" constitue le point d’orgue de la fête. Mouvement de masse de plusieurs milliers d’enfants (3 000 enfants au début des années 1950, 3 500 élèves des écoles primaires de Rennes dans les années 1970), il est l’aboutissement de longs mois de préparation et de multiples répétitions dans les cours d’école et sur la pelouse du vélodrome, sous la direction des moniteurs généraux.
À l’issue du "Lendit", le président de la fête prononce une allocution et accorde le congé du lendemain, avant le défilé de retour, le long des quais jusqu’à la mairie. Dans les années 1980, la dislocation de la fête se fait au stade même.
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Les mutations des années 1960-1980
En 1969, la participation des élèves du secondaire général et technique s’estompe au profit des seuls enfants des écoles primaires, déjà très nombreux. La décennie 1980-1990 voit de notables changements, qui touchent au contenu et à l’esprit de la fête de la jeunesse des écoles publiques. Des enchaînements gymniques sont substitués au traditionnel « Lendit », de plus en plus contesté.
Aux soutiens de la ville de Rennes et du Cercle Paul Bert, s’ajoute le sponsoring privé, qui récompense, par ses produits, la participation des enfants à la fête. Enfin, dans la décennie 1980-1990, l’esprit martial, le militantisme laïc de la fête s’atténuent. La fête de la jeunesse délaisse la date provocatrice de l’Ascension pour un vendredi du mois de juin et affiche un caractère moins formel, plus ludique. Elle se déroule à la tombée de la nuit, ouvrant sur l’utilisation de jeux de lumières, plus féeriques. Malgré une organisation toujours impeccable, la fête laisse la place à plus de spontanéité.
L'édition 2004 voit une nouvelle formule se mettre en place : moins lourde dans sa préparation, elle se déroule sur plusieurs jours et le dernier soir est consacré à un spectacle où, pour les première fois, les enfants ne sont pas les acteurs, mais les spectateurs. La déception engendrée par cette 75e édition conduit le conseil municipal à voter la suppression de cette tradition rennaise.
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