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Maison du peuple

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Maison du peuple du Start Date au End Date

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Plus d’un siècle au cœur de la vie sociale et culturelle rennaise

Maison du peuple de 1863 à 2020

Ce lieu est empreint d’histoires syndicales et d’événements culturels : témoin des avancées sociales, de la solidarité, du partage et de l’ouverture à la culture. Il est le berceau des Trans Musicales, des combats syndicaux et politiques. Dès son ouverture, cette salle située entre la rue Saint-Louis et la rue d'Echange, a une double fonction : débattre et se divertir. A l'occasion de sa réouverture après travaux en septembre 2020, retour sur quelques étapes de l'histoire de ce lieu emblématique, auquel les Rennais sont fortement attachés. 

Merci à Danièle Guégan et Violaine Poubanne qui ont élaboré la plus grande partie de cette frise en 2015, complétée en 2020 par l'équipe des Archives de Rennes.

Consultez le livret Maison du peuple, salle de la Cité  de Danièle Guégan.


De la liberté de réunion à la première Bourse du travail

Maison du peuple de 1863 à 1887

En 1863, la chambre syndicale ouvrière - antérieure au syndicat - voit le jour. Les ouvriers d’une même profession peuvent désormais se regrouper librement, avant la création des unions locales en 1864. Avec l'adoption en 1884 de la loi Waldek-Rousseau, légalisant la création des syndicats, les structures locales de défense des intérêts ouvriers se multiplient.

En 1887, elles se regroupent dans un même lieu : la première Bourse du travail est créée à Paris. Les autorités municipales soutiennent généralement les Bourses du travail. Revers de la médaille, un contrôle est exercé sur elles, limitant leur autonomie.


Vers l'ouverture d'une Bourse du travail à Rennes

Maison du peuple en 1891

Après un premier refus, la municipalité rennaise accorde aux organisations ouvrières l’ouverture d’une Bourse du travail, suite à une pétition à l’initiative des chambres syndicales et au soutien des conseillers municipaux ouvriers.

Troisième en Bretagne après Nantes et Saint-Nazaire en 1892, la Bourse du travail de Rennes est créée en avril 1893, six ans après celle de Paris.
En plus de ses missions syndicales, elle crée un bureau de placement des ouvriers. Deux mille personnes sont placées par an. Puis, elle devient un foyer culturel très actif.


Un local pour la Bourse de Rennes

Maison du peuple en 1893

Après une étude de restauration de l’hôtel de Guerry, conçu par l’architecte Jean-Baptiste Martenot, le projet, jugé trop coûteux, est abandonné. La Bourse s’installe alors dans l’ancien café central, place du Champ-Jacquet, ce qui n'empêche pas les patrons de pétitionner pour sa fermeture.


Création de la CGT

Maison du peuple en 1895

La Confédération générale du travail est officiellement créée au congrès de Limoges, le 23 septembre 1895. Elle participe amplement au développement des Bourses du travail, avec lesquelles elle fusionne en 1902.


Soutien aux Fougerais en grève

Maison du peuple en 1906

À Fougères, le 13 novembre 1906, une grève générale des chaussonniers déclenche un conflit qui va durer trois mois. En solidarité, la Bourse du travail de Rennes décide de soutenir les grévistes fougerais. Elle lance un appel aux familles pour accueillir les enfants des grévistes, le temps de la grève. Le 9 décembre, un premier convoi de 160 enfants arrive à Rennes au milieu d’une foule enthousiaste.


Création d’une clinique

Maison du peuple en 1907

Le 23 novembre 1907, le conseil municipal entreprend des travaux d’aménagement pour installer une clinique à la Bourse du travail de Rennes. Elle est la première à ouvrir des consultations médicales gratuites au sein d’une clinique syndicale. Une organisation de lutte contre l’alcoolisme y est créée. Son slogan : "Prolétariat debout contre l’alcool".


Déménagement de la Bourse

Maison du peuple en 1909

Les locaux deviennent trop étroits et inadaptés place du Champ-Jacquet. La Bourse est alors transférée de manière "absolument provisoire" dans l’ancien couvent des Carmes, rue Hoche, qui abrite l’actuelle école européenne supérieure d’art de Bretagne. Du provisoire qui dure neuf ans.


Les syndicats s'organisent pour la création d'une Maison du peuple

Maison du peuple en 1911

Les syndicats forment une société civile (SCI) et fondent la Maison du peuple. Objectif : devenir propriétaire et s’affranchir du pouvoir municipal. La SCI rachète à la Ville des terrains et un bâtiment, rue Saint-Louis, pour accueillir la Bourse du travail dont les membres ne cessent de croître : 31 syndicats et 5 000 syndiqués.


Installation provisoire rue Saint-Louis

Maison du peuple en 1918

En 1918, un hangar, pour la Maison du peuple, est enfin édifié dans l’attente d’un projet de construction. Il abrite une salle de réunion provisoire d’une capacité d’accueil de 500 personnes et permet aux syndiqués d'avoir un endroit bien à eux.


Fondation de la Maison du peuple

Maison du peuple en 1919

Ainsi s'exprime Jean Janvier, maire de Rennes, dans une délibération du 15 décembre 1919 : "la classe ouvrière s’est trop bien comportée pendant la guerre […] pour qu’à son tour le conseil municipal ne lui témoigne […] son très vif intérêt et j’ajouterais sa pleine confiance."
Le principe de construction d’une salle de réunion pouvant accueillir 1 600 personnes, dont 500 assises, est voté. Emmanuel Le Ray, architecte municipal, élabore les plans.


Des sièges métalliques supplémentaires

Maison du peuple en 1924

Les 500 places assises sont déjà insuffisantes et une nouvelle commande est effectuée. "La salle de réunion est exempte de luxe ; néanmoins, elle présente de l’élégance et du confortable. Les sièges métalliques, outre qu’ils contribueraient à l’aspect agréable de cette salle, offriraient encore l’avantage de la solidité", argumente le maire, en réaction aux critiques de la piscine Saint-Georges, jugée trop coûteuse.
Ernest Chéreau, secrétaire général de l'Union départementale, est nommé gérant de la Maison du peuple en 1924.


La fresque de Camille Godet

Maison du peuple en 1925

Pour le décor de la salle, une fresque est commandée au peintre Camille Godet, auteur du Panthéon rennais et élève d'Emmanuel Le Ray. L’artiste réalise "Le Travail", une grande frise décorative qui évoque les différents corps de métiers du bâtiment. Il représente également le maire Jean Janvier, entrepreneur, sur un chantier. La fresque Godet orne les côtés et les retours vers la scène et le promenoir de la salle.


Inauguration de la Maison du peuple

Maison du peuple en 1925

Le 19 avril 1925, la Maison du peuple est inaugurée en présence de Léon Jouhaux, secrétaire confédéral de la CGT.

Retrouvez l'article concernant l'inauguration de la Maison du peuple de Rennes paru dans L'Ouest-Eclair du 19 avril 1925.


Création d'un dispensaire

Maison du peuple en 1926

En 1926 est créé un dispensaire : une salle d'attente, une salle de pansements, un cabinet de consultations, un cabinet de déshabilloir sont aménagés. "En effet, si les ouvriers trouvent déjà dans leur "Maison" un certain confort, tant pour la tenue de leurs réunions qu'au pont de vue des cours techniques qui leur sont donnés, de la lecture, des spectacles et des récréations, il semble qu'en ce qui concerne l'hygiène, l'absence du dispensaire soit une lacune que nous devons combler", justifient les conseillers municipaux dans leur délibération du 30 juillet.

Plus de 2 000 consultations gratuites sont recensées par an.


Développement des activités socio-culturelles

Maison du peuple en 1930

Une troupe de théâtre, une chorale, soutenue par le syndicat des musiciens et un cinéma du peuple sont les principales activités culturelles proposées dans la Maison du peuple. Jusque dans les années trente, elle accueille aussi des conférences, des débats, des spectacles scolaires, amateurs...


Cinéma à l'affiche

Maison du peuple en 1933

Lors de la construction de la Maison du peuple, Emmanuel Le Ray a porté une attention particulière à réaliser une cabine de projection de cinéma répondant aux normes de sécurité. Dès 1925, les syndicats organisent des séances deux fois par semaine. Après 1933, sa gestion est confiée à des exploitants successifs. Le Carillon prend alors toute sa place dans le paysage cinématographique rennais. Il change de nom en 1942 pour Le Celtic. Il est classé dans la catégorie art et essai, et cinéma militant.


Le Front populaire

Maison du peuple en 1936

En 1936, le mouvement de revendications de la classe ouvrière a gagné Rennes : Prisunic, les chemiseries Strauss, le bâtiment, l’Economique, les Nouvelles Galeries… Même dans les entreprises habituellement peu touchées par le mouvement syndical, des grèves sont déclenchées.
La Maison du peuple est au cœur du mouvement. Elle voit affluer les ouvriers. Les cahiers de revendications y sont rédigés et de grandes réunions syndicales s’y déroulent.
Quand certains conflits se prolongent, d’autres sont rapidement réglés. Les avancées sociales sont spectaculaires comme la semaine de 40 heures et le droit à deux semaines de congés payés pour tous les salariés.

Voir l'article "Le mouvement de la classe ouvrière s'étend à Rennes" paru dans L'Ouest-Eclair le 19 juin 1936.


Agrandissement de la Maison du peuple

Maison du peuple en 1938

Un bâtiment en prolongement de la salle des fêtes et un autre en bordure de la rue Saint-Louis sont construits sur les plan de l'architecte Yves Le Moine. Les nouveaux locaux, essentiellement à usage de bureaux, sont inaugurés le 3 juillet 1938, en présence de Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT. Une grande fête populaire est organisée au parc du Thabor.

Voir l'article "L'inauguration des nouveaux bâtiments de la Maison du peuple" paru dans L'Ouest-Eclair du 4 juillet 1938.


Des activités foisonnantes

Maison du peuple en 1964

A partir de 1964, la Ville récupère la gestion de la Maison du peuple et en fait une "maison commune servant à toutes les associations." Les agendas de location des salles de l’époque attestent de son caractère polyvalent : club des joyeux loisirs, Union des vieux de France, Témoins de Jéhovah…


Du café théâtre à la Comédie de l'Ouest

Maison du peuple en 1965

En 1946, la salle de réunion est aménagée en café théâtre. Y sont programmées les fameuses tournées Barret, les représentations du Théâtre populaire de Bretagne, et surtout, de 1965 à 1968, celles de la Comédie de l’Ouest, association incontournable de l’activité théâtrale rennaise. La municipalité, souhaitant accroître le dynamisme culturel de la ville, met en effet la salle à disposition de la Maison de la culture, en attendant son installation dans le nouveau bâtiment rue Saint-Hélier inauguré en 1968. En 1965, la Maison du peuple est aussi officiellement rebaptisée salle de la Cité.

Durée : 3 min 57 sec - Date de diffusion : 16 octobre 1965 - Source : Ina.fr


Les luttes sociales continuent

Maison du peuple en 1974

En plus d'être toujours le siège social de l'Union départementale de la CGT, la salle de la Cité est le théâtre d'évènements sociaux importants pour la ville de Rennes, à l'instar de la projection, illégale, du documentaire Histoires d'A, réalisé par Marielle Issartel et Charles Belmont le 17 avril 1974. Cette projection marque un moment symbolique dans les luttes féministes rennaises pour la libéralisation de l'avortement.


De nouveaux usages culturels

Maison du peuple en 1974

Facilité par le départ de la Comédie de l'Ouest, la salle de la Cité devient un lieu culturel où se croisent le spectacle vivant, la musique, les arts plastiques… et qui entend toucher tous les publics. Elle est la première du genre à Rennes.
L’émergence des musiques actuelles et l’organisation de concerts engendrent parfois des débordements, notamment lors de l'organisation de ce concert le mardi 5 mars 1974, organisé par Opaline.


Le berceau des Trans Musicales

Maison du peuple en 1979

Les 14 et 15 juin 1979 marquent la première édition des Trans Musicales, organisée par l'association Terrapin, festival de musiques actuelles à la renommée bientôt internationale.

Voir la programmation des Trans Musicales en 1979.


La salle de la Cité devient le lieu des musiques actuelles

Maison du peuple en 1986

L'association Terrapin devient l'association des Trans Musicales en 1985. Le festival prend alors une envergure internationale et se produit dans divers lieux à Rennes (UBU, salle omnisports,...). La salle de la Cité reste toujours au cœur de la programmation de ce festival et demeure un lieu incontournable pour les nouvelles formes d'expression musicale, pouvant accueillir 1 200 personnes lors des concerts. 

 Voir la programmation des Trans Musicales 1986.


Une re-découverte

Maison du peuple de 1994 à 1997

La réapparition de la fresque de Camille Godet s'est déroulée dans des circonstances mal éclaircies à ce jour. La version plus insolite relate un décollement des plaques qui recouvraient la fresque dans l'atmosphère humide et étouffante de la salle bondée d'un concert des Berruriers noirs en 1986. Restaurée et valorisée en 1994, elle est classée monument historique le 6 mai 1997.

 Durée : 1 min 8 sec - Date de diffusion : 15 septembre 1994 - Source : Ina.fr


Un avenir incertain

Maison du peuple en 1998

L’organisation de concerts décline progressivement : l’interdiction de vente d’alcool et la non-conformité de la salle y contribuent, ainsi qu'une cohabitation parfois difficile avec les activités syndicales de la CGT. En 1998, l'association des Trans Musicales propose un projet de transformation du lieu en pôle de musiques actuelles, projet de restructuration repris par la municipalité, qui ne verra toutefois pas le jour, démontrant la place emblématique de la Cité dans la vie culturelle rennaise.


Fermeture de la salle de la Cité

Maison du peuple de 2011 à 2019

L'Union départementale de la CGT, dernier occupant, quitte la Maison du peuple en 2011. Le bâtiment que l'Union occupait est démoli en janvier 2013 pour faire place à un projet d’équipement de quartier et d'une crèche.

L’activité culturelle et sociale dans la salle de la Cité reprend, mais plus en soirée, à partir de 2014. Elle doit cependant cesser en 2016, après l'occupation de la salle par les opposants à la loi Travail. La salle, classée depuis 1997 aux Monuments historiques, dégradée et vétuste, est alors fermée. Des travaux de rénovation et de mise aux normes d'envergure deviennent nécessaires.

Les travaux commencent en mars 2019 et prévoient notamment la restauration de la fresque de Camille Godet intitulée "Le travail".


Inauguration du jeu de Paume

Maison du peuple en 2019

Le 13 décembre 2019, la maire de Rennes Nathalie Appéré, inaugure le Jeu de Paume, équipement de quartier à destination des habitants du centre-ville jouxtant la salle de la Cité. Il se compose d'un bâtiment patrimonial, inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 2012 entièrement réhabilité et d'une extension neuve.

En lien avec l'inscription de ce patrimoine remarquable à l'inventaire et à la demande de la Direction régionale des affaires culturelles et de l'Architecte des bâtiments de France, le projet a été révisé de manière à prendre en compte les découvertes issues des fouilles archéologiques réalisée par l'INRAP en 2014.

Après deux ans de travaux, l'équipement comprend une salle polyvalente, un pôle petite-enfance de 36 places et des locaux réservés aux associations de quartier. 


Une nouvelle jeunesse pour la salle de la Cité

Maison du peuple en 2020

Après un an de travaux intérieurs et exterieurs, la salle de la Cité est de nouveau ouverte au public pour les Journées européennes du Patrimoine 2020.


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